Le pêcheur, sentinelle de la rivière

Ah, elle est déjà bien loin l'affluence bien trop imposante que l'été et ses fortes chaleurs offre au Chéran. Les vacances sont finies, les berges sont désertes et c'est le moment idéal pour que passent inaperçues les atteintes faites au milieu.

Et c'est donc la désagréable mésaventure qui m'est arrivée vendredi après-midi, sur un tronçon du Chéran savoyard, dans le magnifique écrin de verdure qu'est le massif des Bauges.

Tout avait pourtant commencé de manière trop parfaite. Les eaux sont splendides, avec un débit aux alentours de 2m3, le top pour "taper" l'eau en sèche de plus ! Seul un petit vent de face m'oblige a adapter mes posés, pour éviter au bas de ligne de se tendre comme un I et provoquer immédiatement le dragage si néfaste aux moucheurs. Ce petit détail réglé, les prises s'enchaînent assez rapidement. J'immortalise quelques une de ces captures car, même si les truites sont de tailles modestes, elles n'en défendent pas moins chèrement leurs écailles:

La rivière est vraiment parée de tout ses habits de lumières. Tout est encore verdoyant sur les montagnes avant les prémices des couleurs rougeoyantes qu'annoncent l'automne. Bref, je suis au paradis:

Notez bien la clarté de l'eau...

Et puis, à peine sorti de mes rêves et de nouveau concentré sur ma pêche du jour, l'eau se teinte légèrement, virant au gris cassé puis au blanc presque laiteux. Tout en s'accompagnant d'une légère mais néanmoins désagréable effluve malodorante.

Merde, qu'est ce qu'il se passe? Ni une ni deux, j'ai immédiatement le réflexe que devrait avoir tout pêcheur qui se veut responsable. Je prends mon téléphone (pour ceux qui ne voient pas l'utilité du téléphone au bord de l'eau, voilà une bonne raison !) et appelle immédiatement le S.M.I.A.C. pour signaler à Régis ce qui se passe.

Site du SMIAC

Site officiel du SMIAC

http://www.si-cheran.com/

Je signale donc à Régis où je me trouve. Je ne connais pas le secteur mais Régis m'indique où se trouve le pont de Plan de Chère, situé à l'amont, afin d'aller voir si l'eau est troublée également. Ca permettra de définir plus précisément le secteur où envoyer l'O.N.E.M.A. D'ailleurs, voici les coordonnées pour la Savoie et la Haute-Savoie:

Contactez le Service départemental de l'ONEMA ou la Fédération - FSPPMA - la pêche en Savoie

SI VOUS CONSTATEZ UNE ATTEINTE AUX MILIEUX AQUATIQUES, MERCI DE CONTACTER LE SERVICE DEPARTEMENTAL DE L'OFFICE NATIONAL DE L'EAU ET DES MILIEUX AQUATIQUES OU LA FEDERATIONPour des atteintes aux ...

http://www.savoiepeche.com/home/index.php?r_nav=reglementation&page=1090

Gardes pêche ONEMA | Fédération de pêche de la Haute-Savoie

http://www.pechehautesavoie.com/gardes-peche/gardes-peche-onema

Je retourne donc immédiatement à la voiture afin de me rendre au pont de Plan de Chère. A peine parti, je croise un pêcheur qui lui redescend à pieds vers le pont du Nant d'Aillon où il est garé. Je m'arrête et lui demande d'où il vient et s'il a vu quelque chose. Il est effectivement passé devant une buse, près d'un affluent, qui crachait tout blanc mais ne semble pas trouvé anormal... en tout cas, pas plus que de raison puisqu'il a continué à pêcher en amont où l'eau était elle de nouveau claire ! Sans commentaires...

J'arrive donc au pont de Plan de Chère où la situation est normale. Nouveau coup de fil à Régis ce qui permet d'affiner la localisation du rejet. Je n'ai malheureusement pas le temps d'aller constater au plus près cette pollution mais, un garde de l'ONEMA de la Savoie est en route. Je n'ai pour le moment pas lus de précisions sur cet évènement mais, je ne manquerai pas des demain lundi d'aller à la pêche aux renseignements !

Voici quelques clichés de l'eau où l'on se rend bien compte de la pollution:

A gauche l'arrivée du Nant d'Aillon, à droite l'eau qui commence à se teinter !

Le pêcheur se doit donc d'être la sentinelle de la rivière. Nous devons tous avoir à l'esprit ce sens de la responsabilité par rapport aux agressions que subissent les cours d'eaux. La moindre anomalie doit être signalée aux autorités compétentes, afin de pouvoir enrayer même le plus petit embryon de problème qui pourrait, si il n'est pas pris à temps, avoir des conséquences bien plus grave !

Alors, amis pêcheurs, notez dans vos répertoires téléphoniques les numéros utiles à la sauvegarde des rivières et ruisseaux que vous fréquentez habituellement. Et si vous n'avez pas de téléphone, sortez vite de l'eau pour rentrer chez vous ou vous rendre dans un endroit où vous pourrez prévenir qui de droit.